L’approche RH face à l’approche comptable : Un dilemme entre rentabilité immédiate et pérennité

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Le 21 mai 2025
Dans le monde des affaires, une tension constante existe entre les départements comptables et les ressources humaines (RH). D’un côté, les comptables se concentrent sur les résultats financiers immédiats, maximisant les profits à court terme. De l’autre, les responsables RH adoptent une perspective à long terme, plaçant des investissements stratégiques dans le capital humain pour assurer la croissance et la stabilité de l’entreprise. Mais si ces investissements à long terme, souvent perçus comme coûteux et non immédiats, étaient en réalité plus rentables à long terme ? Cet article explore cette question en mettant en lumière les erreurs courantes des comptables et l’impact positif des investissements RH dans le capital humain.
Les erreurs courantes des comptables dans la gestion des actifs du capital humain
Les comptables, dans leur quête de rentabilité immédiate, peuvent parfois négliger l’importance de l’investissement dans le capital humain, considéré comme un coût plutôt que comme un actif stratégique. Par exemple, face à des difficultés économiques, un réflexe courant est de réduire les effectifs pour diminuer les coûts ou de couper les bonus. Cependant, cette stratégie de réduction de personnel à court terme peut entraîner une perte de compétences essentielles et un déclin de la productivité.
Selon une étude menée par Emploi-Québec, les entreprises qui ont investi dans la formation et le développement de leurs employés pendant les périodes de récession ont connu une reprise plus rapide et plus forte après la crise. À l’inverse, celles qui ont opté pour des licenciements ont souvent vu une baisse de productivité et des coûts d’intégration plus élevés une fois la croissance revenue.
D’autres part, les comptables peuvent sous-estimer les coûts cachés liés au turnover, qui comprennent la formation des nouveaux employés, la perte de productivité et l’impact sur le moral des équipes. Au Québec, une étude menée par l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) estime que le coût moyen d’un turnover dans les entreprises est de 30 % à 50 % du salaire annuel d’un employé. Cependant, les RH savent que ces coûts peuvent être largement évités en mettant en place des stratégies de rétention des talents, telles que des programmes de bien-être et des possibilités de développement professionnel.
Investir dans le capital humain pendant les périodes économiques difficiles : Une stratégie gagnante
Les périodes économiques difficiles peuvent être perçues comme des moments où l’entreprise doit réduire ses investissements. Cependant, les responsables RH avertis savent qu’il est essentiel d’utiliser ces moments pour renforcer les compétences internes et préparer l’entreprise à une reprise rapide. Voici des exemples concrets de l’importance de la formation continue.
Former plutôt que licencier : Une approche bénéfique pour l’entreprise et les employés
En période de creux économique, au lieu de mettre à la porte des employés pour réduire les coûts, les entreprises devraient profiter de la situation pour investir dans leur développement. Une étude menée par L’École des sciences de la gestion (ESG UQAM) en 2024 a révélé que les entreprises qui investissent dans la formation de leurs employés pendant les périodes de ralentissement économique peuvent, sur le long terme, réduire les coûts liés à la réembauche, à la perte de savoir-faire et à l’intégration de nouveaux talents.
Par exemple, l’entreprise québécoise Les Industries Dorel, un fabricant de mobilier et de produits pour enfants, a choisi d’investir dans la formation de ses employés pendant la récession de 2008. Résultat : une amélioration de la productivité et un retour à la rentabilité plus rapide que ses concurrents qui ont opté pour des licenciements massifs.
Le retour sur investissement de la formation continue
Selon une étude de l’Ordre des conseillers en ressources humaines du Québec (OCRHQ) publiée en 2023, chaque dollar investi dans la formation continue génère en moyenne un retour de 4,3 $ en termes de productivité, d’innovation et de fidélisation des employés.
Cette statistique montre clairement que les investissements dans les compétences humaines, même pendant les périodes économiquement difficiles, sont loin d’être une dépense superflue. Ils génèrent des rendements substantiels qui profitent à l’entreprise à long terme.
Pourquoi l’investissement à long terme paye toujours
Les statistiques québécoises montrent que les entreprises qui adoptent une approche axée sur la formation, la rétention des talents et l’amélioration de la qualité de vie au travail voient une amélioration notable de leur performance financière. Pour preuves, une étude réalisée par Emploi-Québec en 2022 a révélé que les entreprises qui ont mis en place des politiques de développement des compétences et de bien-être des employés ont connu une croissance des revenus supérieure de 20 % par rapport à celles qui ont réduit leurs dépenses en ressources humaines. Ces entreprises ont également observé une diminution significative du taux de rotation du personnel et une augmentation de la productivité de leurs équipes.
L’impact sur le taux de rétention des employés
Au Québec, selon l’Institut de la statistique du Québec (ISQ), les entreprises qui investissent dans des programmes de rétention des employés ont un taux de rétention supérieur de 25 % par rapport à celles qui négligent ces investissements. Une politique de gestion proactive des talents, combinée à des formations ciblées et à une gestion efficace des carrières, permet aux entreprises de réduire les coûts liés au recrutement et à la formation de nouveaux employés tout en favorisant la loyauté et l’engagement des équipes.
Les responsables RH, des moteurs de rentabilité à long terme
Si l’approche comptable se concentre sur les gains immédiats, il est essentiel de se rappeler que l’investissement dans le capital humain est l’un des leviers les plus puissants pour garantir une rentabilité durable. En 2025-2030, les entreprises qui réussiront à conjuguer une gestion prudente des coûts et un investissement stratégique dans les talents seront les plus à même de prospérer.
Les responsables RH ne se contentent pas de gérer les coûts : ils bâtissent les fondations d’une entreprise résiliente, innovante et capable de se réinventer face aux défis économiques. Plutôt que de sacrifier l’avenir pour des bénéfices immédiats, investir dans les employés pendant les périodes difficiles pourrait s’avérer être la clé pour une réussite à long terme.
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