Pénurie de main-d’œuvre : pourquoi recruter lorsqu’on peut faire mieux?

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Le 26 novembre 2025 Par Richard DesRochers
Productivité des employés et performance organisationnelle : un levier négligé dans le secteur manufacturier
 
La pénurie de main-d’œuvre demeure l’un des enjeux économiques les plus critiques du Québec en 2025. Selon l’Institut de la statistique du Québec (ISQ), plus de 221 000 postes sont vacants à l’échelle provinciale, dont près de 30 % en milieu manufacturier, un taux particulièrement élevé dans les régions de la Montérégie, de l’Estrie et de Chaudière-Appalaches. Malgré un ralentissement économique ponctuel, la démographie ne ment pas : le vieillissement accéléré, la retraite des baby-boomers et la diminution du bassin de travailleurs disponibles rendent l’embauche plus difficile que jamais.
 
Pourtant, un constat demeure trop peu discuté : recruter n’est pas toujours la seule ni la meilleure réponse. Les entreprises québécoises continuent d’investir massivement dans l’embauche, la chasse de talents ou les bonifications salariales, alors que des gains impressionnants peuvent provenir d’une autre voie, souvent négligée : la productivité réelle des employés. Dans une équipe de dix personnes, une augmentation de 10 % à 15 % de productivité équivaut à un employé temps plein supplémentaire, sans recrutement, sans coûts d’intégration et sans risques de départ prématuré. En milieu manufacturier, où le salaire moyen oscille entre 24 $ et 32 $ l’heure, cela représente un gain annuel de 50 000 $ à 70 000 $.
 
Les études de Statistique Canada et du Conference Board du Canada confirment qu’une amélioration ciblée des pratiques RH peut générer des gains de performance entre 8 % et 20 %, dépendamment du secteur. Or, ces gains ne relèvent pas de la magie. Ils s’appuient sur des pratiques simples : intégration structurée, reconnaissance, formation, clarté opérationnelle et leadership moderne.
 
L’objectif de cet article est clair : expliquer comment chaque action RH peut réellement remplacer un recrutement, en s’appuyant sur des données vérifiées et un modèle revisité : la Pyramide RH appliquée à la productivité en milieu manufacturier.
À la fin, le lecteur comprendra pourquoi « faire mieux avec ce que l’on a » n’est pas un discours minimaliste, mais une stratégie organisationnelle exemplaire.

Offrir une base solide : stabilité, sécurité et appartenance

Dans les usines québécoises, les premières causes de départ des employés ne sont pas liées au salaire, mais au sentiment d’instabilité, au manque d’organisation et aux irritants quotidiens.
 
La CNESST rapporte qu’un environnement perçu comme chaotique peut augmenter le taux de roulement de 12 % à 18 %, un chiffre écrasant en contexte manufacturier. Les entreprises qui stabilisent leurs processus gagnent en productivité, car chaque minute non perdue vaut littéralement de l’argent.
 
Une simple réduction de 5 % des interruptions de production peut équivaloir à plus de 20 000 $ par mois dans une entreprise de 50 employés.
 
Actions clés
  • Matériel et outils disponibles dès le jour 1.
  • Horaire stable communiqué à l’avance.
  • Objectifs clairs par quarts de travail.
  • Communication directe et structurée entre équipes.
Quand l’organisation boite, la performance suit. Quand la base est solide, tout monte.

Reconnaissance, autonomie et respect : le moteur invisible de la performance

La CRHA rappelle qu’un employé reconnu régulièrement a 2,5 fois plus de chances de s’engager durablement. En milieu manufacturier, où la routine peut s’installer rapidement, la reconnaissance devient un levier essentiel.
 
Une étude de StatCan indique que les milieux qui valorisent l’autonomie enregistrent des gains de productivité de 10 % à 12 %, surtout dans les tâches répétitives ou techniques. Ces gains équivalent à l’ajout d’un employé supplémentaire dans une petite équipe.
 
Actions clés
  • Reconnaissance factuelle, jamais générique.
  • Autonomie dans l’ajustement de certaines tâches.
  • Réunions courtes axées sur les réussites.
  • Politique claire de respect mutuel.
Le respect n’est pas une théorie : c’est un multiplicateur de productivité.

L’intégration et la formation : le meilleur investissement du manufacturier

L’ISQ estime que l’intégration mal structurée est responsable de 40 % des départs dans les six premiers mois. Dans le manufacturier, cela signifie : perte de temps, baisse du rythme de production et hausse des coûts de recrutement.
 
À l’inverse, une intégration complète réduit le temps d’autonomie d’un employé de 90 jours à 30 jours. Ce gain équivaut à 7 % à 10 % de productivité annuelle.
 
Actions clés
  • Plan d’intégration 30-60-90 jours.
  • Mentor désigné par quart.
  • Formation payée et encadrée.
  • Standards visuels (SOP) accessibles sur le terrain.
La meilleure embauche reste celle qu’on n’a jamais besoin de refaire.

Technologie, qualité de vie et environnement : moderniser pour tenir le rythme

Les entreprises manufacturières du Québec qui ont intégré des technologies légères (capteurs, tableaux digitaux, IA simple) ont observé des gains de 5 % à 18 % selon le MEI (2024).
 
De plus, la conciliation travail-vie personnelle, longtemps ignorée en usine, devient un critère d’attraction majeur. L’UMQ indique qu’une flexibilité minimale réduit l’absentéisme de 9 %.
 
Actions clés
  • Doubles écrans pour les opérateurs de machines.
  • Procédures numérisées.
  • Flexibilité dans les échanges de quarts.
  • Espace de repos adéquat et calme.
La technologie ne remplace pas l’humain, elle libère son potentiel.

À retenir

La pénurie de main-d’œuvre restera un enjeu structurel au Québec, et le secteur manufacturier en subira les effets les plus prononcés. Cependant, une idée simple s’impose : recruter davantage n’est pas toujours la meilleure stratégie. Parfois, ce n’est même pas la stratégie la plus rentable.
 
Les données québécoises le confirment : une hausse de 10 % à 15 % de productivité équivaut directement à l’ajout d’un employé — sans formation, sans recrutement, sans risque d’échec d’intégration. Ce gain est atteignable en consolidant plusieurs leviers RH : reconnaissance, clarté opérationnelle, intégration structurée, autonomie dans le travail, politiques humaines et investissements technologiques cohérents.
 
Dans une usine de dix employés, ce gain représente 50 000 $ à 100 000 $ en valeur productive annuelle. Dans une entreprise manufacturière de cinquante personnes, cela représente un cycle complet de recrutement évité chaque trimestre. Autrement dit, « faire mieux avec ce qu’on a » ne signifie pas se contenter de moins : c’est exploiter de manière intelligente les ressources humaines existantes.
 
Le manufacturier québécois est à un tournant : modernisation, IA, nouvelles technologies, réorganisation du travail. C’est le moment idéal pour passer d’une gestion de main-d’œuvre réactive à une approche stratégique où chaque action RH est vue comme un investissement en performance organisationnelle.
 
Le Québec ne peut pas fabriquer plus de travailleurs, mais il peut améliorer la façon dont il valorise ceux qu’il a déjà.
 
La performance n’est pas une pression : c’est une conséquence naturelle d’un milieu de travail bien construit.

FAQ sur la pénurie de main-d’œuvre

  1. Une hausse de 10 % de productivité est-elle réaliste en usine ? Oui. Les études canadiennes montrent que l’intégration, l’autonomie et la formation génèrent entre 8 % et 15 % de gains mesurés.
  2. Comment mesurer la productivité en milieu manufacturier ? Par le rendement horaire, les cycles de production, le taux de rebut et les arrêts non planifiés.
  3. L’autonomie fonctionne-t-elle en milieu manufacturier ? Oui, surtout dans l’ajustement fin des tâches, ce qui améliore la fluidité du travail.
  4. Pourquoi investir dans la formation ? Parce que le temps d’autonomie chute drastiquement : de 90 jours à 30 jours.

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Références officielles
  1. Institut de la statistique du Québec (ISQ) — Indicateurs du marché du travail 2024.
  2. Statistique Canada — Productivité du travail et rendement manufacturier, 2023-2024.
  3. CRHA — Engagement, reconnaissance et performance, rapport 2023.
  4. CNESST — Taux de roulement et conditions de travail en milieu manufacturier, 2024.
  5. Ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie (MEI) — Modernisation manufacturière et gains de productivité, 2024.
 

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